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Cercle Évangile et liberté en Isère
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Cercle Évangile et liberté en Isère
Cercle Évangile et liberté en Isère
  • Le Cercle Évangile et liberté en Isère revendique son appartenance au protestantisme libéral. Ce cercle, membre de l’Église Protestante Unie de Grenoble, se veut ouvert à tous, croyants ou non croyants, sans volonté de faire du prosélytisme.
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27 septembre 2013

La foi

 

 

Quantité de personnes se disent croyantes sans se poser de questions sur ce que cela veut dire. Ils sont nés dans une famille catholique, protestante, orthodoxe, musulmane, et se disent tout naturellement croyant s comme ils sont Français ou Russe. Cela fait partie de leur identité.

Mais certains se demandent :   « Que veut dire  avoir la foi » ? Avoir la foi  signifierait donc adhérer à des croyances, à des doctrines ? Croire que Dieu existe par exemple, ou que Marie était vierge après avoir enfanté Jésus ? L’on confondrait alors avoir la foi et adhérer à certaines croyances. Certains « croyants » vont ainsi jusqu’à penser que s’ils croient comme il faut en Dieu, ils seront « sauvés », et iront plus tard au paradis.

Certains pensent que s’ils ont la foi, sans douter un instant, ils vont obtenir des miracles. Dieu interviendrait alors d’une façon quasi magique, en défiant les lois naturelles. Il suffirait de prier avec une grande conviction pour obtenir que Dieu guérisse par exemple la grand-mère de son cancer. Et si le miracle ne se produisait pas, ils se sentiraient coupables de ne pas avoir cru avec assez de conviction. Si la grand-mère n’est pas guérie, ce serait dû à un manque de foi.

Cette « foi » a un nom : le « théisme ». Cela veut dire que l’on a fait de Dieu un être à la puissance surnaturelle capable de faire des choses incroyables. Beaucoup de ceux qui avaient ce genre de foi sont un jour ou l’autre déçus parce que les choses ne se sont pas passées comme ils l’espéraient. Et ils ne croient plus en Dieu. Mais le Dieu auquel ils croyaient est un Dieu imaginaire qui n’est pas du tout celui qui parle par la Bible.

Nous avons près de 500 000 personnes en France  que l’on appelle les « évangéliques ». Ils confondent foi et émotion religieuse. Ils prient avec ferveur, battent des mains, chantent ou psalmodient en chœur. Ils parviennent parfois à un état d’extase émotionnel intense qu’ils prennent pour de la foi. Ils ressentent la foi comme un sentiment. Ils sont submergés  par une émotion. Celui qui dit « j’ai la foi » serait alors quelqu’un qui aurait vécu une expérience spirituelle intense, une sorte d’extase. Il  aurait reçu une sorte de révélation et  pourrait alors dire « J’ai rencontré Dieu tel jour à telle heure. Je ne l’oublierai jamais ! » Il est vrai que certains d’entre eux ont sincèrement vécu cette expérience spirituelle.

En fait la foi n’est pas une émotion. Sinon un écrivain athée comme Conte Sponville qui raconte comment, un soir, dans la forêt, il a vécu une expérience mystique serait devenu croyant. Il y a ainsi des mystiques qui sont parfaitement incroyants.  

Quand donc un chrétien peut-il dire qu’il a la foi ?

Un catholique dira que c’est après son entrée dans l’Église par le baptême  que l’on devient chrétien. Il participera aux cérémonies, écoutera les prêtres, s’intégrera petit à petit dans l’Église qui affirme détenir la vérité. Il adhérera donc aux croyances qui lui seront enseignées. Avoir la foi signifiera pour lui être membre de l’Église catholique tout en ayant par ailleurs une conviction personnelle affirmée et souvent un sens aigu de la charité.

                                                                                                                                                 Un protestant réformé ou luthérien dira que la foi naît  quand, à la lecture ou à l’écoute des récits bibliques,  le Christ vient à lui pour établir une relation vivante et personnelle. Pour l’un cela peut s’exprimer par un sentiment ; pour un autre ce sera l’aboutissement d’un très lent cheminement qui finit par s’imposer comme une évidence. La foi consiste en la présence de l’action de Dieu en l’homme. Elle ne dépend pas de lui. Elle dépend de Dieu. Cette position est celle de théologiens comme Karl Barth, considèrent, que la révélation vient « d’en haut ». Mais selon  d’autres théologiens comme Tillich, la foi est le sentiment qui taraude la personne en quête de ce qu’il appelle « la question ultime », en quête de la réponse à ce qui donne un sens à l’existence malgré l’absurde de la vie, malgré le mal, la souffrance, malgré le sentiment d’être toujours en de ça de soi-même. Tillich dit : « la religion est le fait d’être ultimement concerné par ce qui est et devrait être notre préoccupation ultime ». Ceci signifie que la foi est le fait d’être saisi par une préoccupation ultime et que le chemin vers Dieu est le nom donné à cette préoccupation ». [1]Cela veut dire que toute la révélation ne vient pas seulement d’  « en haut », mais qu’elle est réponse à un cheminement qui s’amorce « en bas », de mille et une manières.                                                                                                                                 

Et que dit la Bible ?

Un verset de l’épitre aux Hébreux dit à sa façon ce qu’est la foi : « La foi est une ferme assurance des choses que l’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas » ( Hébreux 11, 1 ) ainsi le chrétien serait à l’image d’un funambule qui part d’un point solide pour s’élancer sur le fil tendu de sa vie. Quand il est sur un point sûr, sur le bon côté du précipice,  il est habité par la foi. Cela lui permet de se lancer, de s’engager, de prendre un risque. Il a la ferme assurance de passer de l’autre côté en passant au-dessus du vide. Il l’espère. Mais il peut douter, faiblir. Pour éviter de tomber, comme tout funambule il utilise un pendule, que ce soit une barre de fer ou un parapluie. Ce pendule c’est peut-être un ami, une  communauté, la prière, ou simplement l’espérance de bientôt parvenir de l’autre côté du précipice. Quand il a pris le risque,  surmonté l’épreuve, il est rassuré. Ce qu’il a fait comme parcours a été une démonstration de choses qui l’habitaient, ces choses que l’on ne voit pas, mais qui lui ont donné la force d’agir,  une raison de vivre et de s’engager parce que sa vie avait un sens. La foi n’est donc pas une certitude qui demeure de façon pleine à tout instant. Elle est vécue avec des points de suspension, des silences, des doutes. Mais un homme et une femme qui s’aiment sont-ils habités en permanence par la passion de leur amour réciproque ? Bien sûr que non ! Ils n’y pensent pas tout le temps. Sinon ils ne pourraient plus rien faire ! Et ils ont tellement de choses à faire comme  la cuisine, conduire une voiture, fermer la porte à clef avant de partir de chez eux, ne pas oublier le bébé à la crèche ! Que sais-je encore ! Et pourtant ils peuvent dire qu’ils s’aiment.

La foi et l’identité

Il me semble que la foi permet d’affermir son identité, car elle donne tout d’abord une assurance. Il ne s’agit pas de l’assurance d’une quelconque survie dans l’au-delà. Sur ce point, celui qui a la foi ne se tourmente plus pour savoir comment les choses vont se passer. Il lui suffit simplement de faire confiance à Dieu. Et il n’a plus peur.
S’il a de l’assurance, c’est qu’il a confiance en lui ou en elle. Il ou elle sait qu’il ou elle a une valeur infinie aux yeux de Dieu. Exister, compter pour quelqu’un quoiqu’il arrive, cela permet de prendre sur soi pour aller de l’avant.
Enfin avoir la foi, c'est-à-dire être en confiance, permet de donner un sens à ce que l’on vit, à ce que l’on entreprend. Il faut alors parler d’une sorte d’engagement qui ne peut rester centrer sur soi-même, mais d’un engagement qui reste soucieux de l’autre, qu’il s’agisse de ceux que l’on croise en chemin, ou de la nature pour être en osmose avec la création, et de l’Autre avec un grand A, ce qui renvoie à sa finitude, et autorise à espérer  dire parfois : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi », afin de s’approcher de sa véritable humanité.

H.L.

 



[1] Tillich, Théologie de la culture, Édition planète, 1968, p. 89

 

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