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Cercle Évangile et liberté en Isère
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Cercle Évangile et liberté en Isère
Cercle Évangile et liberté en Isère
  • Le Cercle Évangile et liberté en Isère revendique son appartenance au protestantisme libéral. Ce cercle, membre de l’Église Protestante Unie de Grenoble, se veut ouvert à tous, croyants ou non croyants, sans volonté de faire du prosélytisme.
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7 juillet 2014

Le christianisme doit mettre fin à la logique sacrificielle

 

Réflexion d’après « la traversée du christianisme »…

Pour les premiers chrétiens, la condamnation de Jésus est un échec. Comment donner un sens à cet échec, c’ est la question à laquelle chacun des évangiles donne sa réponse.

Pourquoi Dieu n’est-il pas intervenu quand Jésus a été crucifié ? Chacun des quatre évangiles s’est soucié de donner un sens à cette mort. Luc ( 23,47) pensait que la cause en était une erreur humaine, une ignorance, le résultat d’un mauvais calcul politique et religieux. Pour Matthieu ( Mt. 27, 51-53), Jésus fait don de sa vie par refus de renier la vérité de sa parole, révélation de Dieu. Pour Marc, comme pour Paul, (Mc, 11,22 ; 8, 34-38 ; Ro. 1, 18-31 ; Ga. 3 10-14) la mort de Jésus évite qu’il ne soit déifié et devienne une idole comme l’aurait été la figure d’un messie triomphant et dominateur. Selon Jean enfin, la mort de Jésus ouvre les portes du ciel et permet une existence qui n’obéit plus aux lois de ce monde (Jn 1, 1-18).

La chrétienté, au fil des siècles, a développé l’idée insoutenable aujourd’hui, selon laquelle Jésus est mort à cause de nos péchés. Dieu aurait livré son fils en victime propitiatoire  pour racheter notre faute .

Les pères de l’Église, puis saint Anselme de Cantorbery ont tenté d’expliquer les raisons de la mort de Jésus. Il devait mourir, ont-ils dit,  pour payer le prix de notre péché. Quelques textes bibliques permettaient cette lecture particulièrement culpabilisante. Les premiers chrétiens ont utilisé ce dont ils disposaient dans les Écritures, notamment le récit de la Pâque (Ex. 12) et l’épitre aux Romains ( RO. 3,25). É. Cuvillier et J.D. Causse ont fait apparaître dans un dialogue passionnant qu’une tout autre compréhension était parfaitement recevable en faisant appel à une exégèse rigoureuse, avec l’aide de la psychanalyse et de l’anthropologie[1].

D’après l’Ancien Testament et  les synoptiques, c’est bien d’un sacrifice de communion qu’il s’agit plutôt que d’un sacrifice d’expiation .

Dans l’Ancien Testament, il y a deux types de sacrifices : le sacrifice d’expiation, par lequel la victime identifiée au coupable par imposition des mains, est immolée, et le sacrifice de communion. Pendant la nuit de la fuite hors d’Égypte, les Hébreux reçoivent l’ordre de manger un agneau et de badigeonner les linteaux de leurs portes avec son sang. C’est à cette condition que les israélites pourront se mettre en marche vers la terre promise. Une alliance nouvelle a été conclue entre Dieu et son peuple. « Le Christ est l’agneau de la nouvelle fête pascale inaugurant une alliance nouvelle ». Le Christ, agneau de Dieu, signifie un nouvel Exode.
Dans les synoptiques, le langage sacrificiel est peu présent. Ce que fait Jésus, c’est pour nous. Il ne prend pas la place des hommes. La mort de Jésus est l’ultime violence faite à Dieu en la personne de son envoyé. Jésus accepte de se dessaisir du besoin de violence et de vengeance. Les évangiles mettent en évidence une donnée fondamentale : lorsque Jésus meurt, meurt avec lui celle du Dieu de la vengeance et de la rétribution. Un temps nouveau commence : celui de la fin des sacrifices. Jésus n’est pas mort «  à cause «  de nos péchés, pour réparer notre faute, mais « pour nous ». Il a mis fin à une logique de la rétribution violente par la mort d’une victime expiatoire. Le pain et la coupe partagée lors du dernier repas sont signes d’alliance et de pardon (Mt 26,28) et non pas signes du sang de la vengeance qui doit retomber sur les scribes et les pharisiens (Mt. 23).

Un Dieu sacrifiant son fils pour payer la dette et soi-disant pardonner ne fait qu’accroître la culpabilité de celui au bénéfice duquel serait sacrifiée la victime. Un Dieu qui aurait besoin d’un sacrifice pour pardonner n’a pas de sens. C’est ce que J.D. Causse démontre.

Une exégèse rigoureuse de l’épître aux Hébreux met en évidence quelques points :

Christ notre prêtre, permet l’accès à Dieu. Il se propose comme offrande en notre faveur au lieu des sacrifices rituels. Christ est mort une fois pour toutes. L’œuvre du salut consiste pour le sauveur, à conduire ses frères à travers le rideau du Temple qui se déchire, ce qui donne accès au monde divin. La mort de Jésus met fin au sacrifice rituel. En Jésus c’est Dieu qui meurt pour les hommes qui n’ont plus qu’à lâcher prise, et accepter qu’un autre meure pour nous. La mort sanglante de Jésus met fin à la nécessité de faire couler le sang.

Comment Paul fait-il parler la croix ?

Contrairement à ce que l’on pense, « la théologie de la croix »  chez Paul n’est pas une théologie du sacrifice. Tout d’abord la croix révèle que Dieu est totalement différent de l’idée que l’on s’en fait. Il est solidaire du crucifié et non tout puissant. Deuxièmement la croix démontre que l’homme se trompe quand il croit découvrir Dieu par sa sagesse. Enfin Jésus acceptant de mourir sur la croix au lieu d’agir en messie triomphant domptant les forces du mal, évite d’être divinisé, de se faire égal à un Dieu  tel qu’on le fantasme. Il sacrifie sa divinité pour se laisser rencontrer.

Et pour conclure

Ceux qui se réclament du Christ peuvent eux-mêmes passer derrière le voile que le grand prêtre franchissait pour faire une fois l’an , un sacrifice. Ils se mettent en marche sur la route à la rencontre de Dieu.  Reprenant  confiance en eux-mêmes, ils ne sont plus sous la tutelle d’un Dieu qui exigerait de nouveaux sacrifices. Le dieu des religions traditionnelles est sacrifié. Ils peuvent aller avec foi dans l’avenir, quoiqu’il advienne, et militer pour la justice de Dieu sans jamais se résigner.

H.L.  

 



[1] E. Cuvillier, J.D. Causse, « Traversée du christianisme ». Ed. Bayard, 2012, p. 165-197.

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