Pour une nouvelle doctrine de Dieu
Pour une nouvelle doctrine de Dieu
La question de Dieu n’intéresse plus du tout. S’il y a tant de personnes qui ne se soucient plus de Dieu, c’est sans doute qu’il y a une bonne raison pour cela. Cela tient à l’idée que les Églises ont transmise de Dieu.
Une certaine idée de Dieu transmise par les églises
Voici quelques-unes des idées de Dieu émises depuis 2 000 ans. Peut-être même davantage !
-Tout d’abord pour ces Églises Dieu est éternel. Il a toujours existé. Il existera toujours. De ce côté, il n’y a pas de changement. On peut en déduire que Dieu est parfaitement inanimé. Comment pourrait-on s’intéresser à quelque chose d’inanimé ?
-Dieu par ailleurs est transcendant. Cela signifie en premier lieu, qu’il n’a besoin de personne, qu’Il est totalement indépendant, extérieur à notre monde, au-delà de tout. Il est tellement lointain que quelques rares personnes qui ont conscience de sa totale altérité sont terrorisées à l’idée de se trouver devant lui, devant sa « sainteté ». Le voyageur solitaire au fin fond du Sahara, seul dans cette immensité, éprouve, devant Dieu, ce sentiment de n’être vraiment pas grand-chose, comme un grain de sable perdu devant l’infini qui « s’en fiche ».
-Dieu est omniscient. Il connaît tout : passé, présent, et même futur, rien ne lui est étranger. Comme disent les musulmans quand un malheur les frappe : « c’était écrit » ! Dans ce cadre, il n’y a plus de liberté. Nous sommes prédestinés. Inutile de se révolter puisque Dieu l’a voulu ainsi. Ce que l’homme aurait pu penser, imaginer, créer pour s’adapter à la nature, à l’évolution de ses conditions de vie, n’aurait aucun intérêt. Il n’y a donc pas de place pour une quelconque « loi de culture ».
-Dieu enfin assure la bonne marche du monde. Il a édicté des lois immuables. Certains parlent alors de « loi de nature ». Les sages sont ceux qui s’efforcent de connaître ces lois et de s’y conformer. Tel était l’idéal de Platon, de la Grèce antique. Pour ces croyants archaïques, il n’y a pas de changement, d’évolution possible.
-Dieu n’est affecté par rien. Il est parfaitement impassible. Tremblements de terre, inondations, tsunamis, rien ne le touche. N’est-il pas au-delà de tout ? C’est pourtant sur ce terrain que l’idée de Dieu a commencé à perdre du terrain. En 1755 un tremblement de terre suivi d’un tsunami a détruit la ville de Lisbonne. C’est par dizaine de milliers que les gens sont morts. Les hommes d’Église ont dit : « Dieu l’a voulu ! Peut-être voulait-il punir ces Portugais! Dieu soit loué ! ». Alors des philosophes comme Voltaire, ont protesté et dit : « nous ne voulons plus de ce Dieu-là ». L’idée a commencé à se répandre. Cela a nui à l’idée que l’on se faisait de Dieu. Duc coup, il s’est trouvé éliminé des préoccupations.
L’idée que l’on se faisait de Dieu s’explique : dans l’antiquité, les êtres humains étaient totalement dépendant des puissants comme ils l’étaient des forces de la nature. Tout naturellement, ils ont considéré que Dieu avait les mêmes attributs que ces puissances maléfiques dont leur destin dépendait. Dix mille ans plus tard, nous sommes en effet sortis du néolithique, cette idée de Dieu ne correspond plus à rien. Il est donc normal que les gens s’en désintéressent.
Une certaine idée de la réalité
Notre idée de la réalité est également désuète.
Nous pensons vivre dans un univers rempli d’une collection d’objets ou de corps juxtaposés, de substances qui restent inertes, stables, fermes comme le roc. Pour nous le temps est encore celui de Newton, dont toutes les horloges indiquent le même temps et rendent ce temps, universel et parfaitement bien défini conceptuellement. Or la notion de temps absolu a disparu avec Einstein : deux horloges identiques situées dans deux référentiels galiléens différents ne battent pas au même rythme. Plus précisément, il n'est pas possible de les garder synchronisées. De même en est-il de la matière[1] ». La philosophie substantialiste se trompe. Le changement l’emporte sur la permanence. Les réalités qui composent le monde sont des flots d’événements qui se succèdent, s’interpénètrent et interfèrent les uns avec les autres. On considère à tort que les réalités, les êtres concrets, sont des objets stables et solides qui ont leur identité en eux-mêmes et qu’ils se définissent par leur matérialité ou leur substantialité ». Or toute réalité est le résultat de la conjonction, de la rencontre, de la combinaison de multiples événements. Ce que l’on prenait pour une substance matérielle est en fait énergie. Puis toute « réalité » s’use, évolue, se modifie, et meurt en permettant à une autre réalité de se saisir de cette expérience passée pour en faire naître une nouvelle. Le roc de granit s’effrite sous la force du vent et de l’eau, pour devenir sable, puis dune, puis ile et peut être nouvelle terre. Ainsi naissons nous de la rencontre de deux êtres, qui nous lèguent toute un passé, toute une culture, pour devenir, grâce à toutes nos expériences vécues, à toutes nos rencontres, la personne que nous sommes, toujours la même et pourtant, à chaque instant différente.
Dieu est énergie présente dans l’univers, proposant, suggérant, espérant une réponse positive à ses suggestions. Il orchestre ces mutations, cette évolution permanente des réalités qui habitent l’univers. Il est comme le levain dans la pâte pour la faire lever. Dieu est impliqué dans le monde. Dieu n’est pas dans un monde transcendant, au ciel. Il est dans le monde. Il est dans le même monde que nous. Il est ici-bas. Nous pouvons apprendre à discerner sa présence dans le quotidien. Le monde est le lieu que Dieu habite. Il se trouve au sein même de cet univers. Sa « transcendance réside dans l’élan vers l’avenir, dans la force de transformation et de renouvellement qu’il donne à toute réalité »[2]Dieu intègre en lui tout ce qui existe. Tout est en Dieu. Je ne dis pas que tout est Dieu, car je serai panthéiste. Mais il est en lien avec moi-même, les autres, la nature.
Une certaine idée d’un Dieu en inter réaction avec nous
La matière et l’esprit ne font qu’un. Les objets, les plantes, les animaux sont nos semblables. Dieu fait partie du même ensemble que les autres êtres. Il nous incite à être écologiques, en harmonie avec la nature. Polluer la terre, c’est lui porter atteint, c’est l’agresser. C’est ne pas répondre positivement à ses propositions pour faire avancer le monde vers une mieux pour la joie de l’humanité. A. Gounelle donne de Dieu l’image du chef d’orchestre qui propose aux musiciens de son orchestre de jouer telle ou telle symphonie. Les musiciens peuvent répondre positivement aux suggestions du chef d’orchestre. S’ils coopèrent sincèrement, avec tous leurs talents, le concert sera magnifique. Pour peu qu’ils sabotent le travail du chef d’orchestre, ce sera la catastrophe. Dieu n’est pas plus tout-puissant qu’un chef d’orchestre. Il doit tenir compte des réactions des musiciens que nous sommes. Mais il n’abandonne pas. Si par malheur Pilate répond favorablement à la pression des prêtres pour assassiner Jésus, il intervient à Pâques. On ne sait comment, mais le projet de Jésus est repris, relancé. Et l’on annonce le fait essentiel du renouveau ; celui de la résurrection.
À nous de répondre à l’appel divin de façon positive. Dieu alors n’est plus perdu, isolé dans le ciel. Il est à l’œuvre et nous à ses côtés. Notre compagnon de route si nous le souhaitons.
Cette nouvelle idée de Dieu est tout à fait en accord avec les données scientifiques actuelles. Il n’y a plus de cassure entre foi et la science. De plus, c’est parfaitement compatible avec les évangiles !
H.Lehnebach