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Cercle Évangile et liberté en Isère
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Cercle Évangile et liberté en Isère
Cercle Évangile et liberté en Isère
  • Le Cercle Évangile et liberté en Isère revendique son appartenance au protestantisme libéral. Ce cercle, membre de l’Église Protestante Unie de Grenoble, se veut ouvert à tous, croyants ou non croyants, sans volonté de faire du prosélytisme.
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6 janvier 2015

Vers quel retour du religieux ?

La religion est le lien qui fait tenir l’ensemble de la société. Pendant très longtemps l’individu n’existait pas en tant que personne. Il existait en tant qu’individu par la place que la volonté divine lui avait octroyée dans la société. La société traditionnelle est holiste, c'est-à-dire un tout dans lequel chaque élément, chaque individu a son rôle dans l’ensemble. Cet ordre initié et voulu par une autorité divine est celui de l’hétéronomie.

Dans notre société moderne, l’être humain est valorisé. Il est libre et égal à tout autre. C’est une société individualiste dans laquelle on subordonne les besoins de la société à ceux de l’individu. A la Renaissance l’individu a commencé à revendiquer sa liberté. Puis Descartes va identifier le sujet avec le moi conscient du « je pense, donc je suis ». Les philosophes des Lumières vont ouvrir les portes de la modernité. La société va se libérer de la tutelle de l’Église pour séparer le vrai du faux.

Mais si la société se sécularise, elle ne fait que laïciser les données héritées du judéo-christianisme. Par exemple le Code civil napoléonien va reprendre à son compte les normes sociales imposées à la famille par l’Église. Il faudra près de deux siècles pour que l’épouse  puisse travailler sans l’accord de son mari, que l’autorité parentale soir partagée, que la femme ait le droit de vote.
Le travail qui était doté de la valeur religieuse du devoir  à accomplir pour obtenir son salut dans l’au-delà devient objectif à atteindre pour réussir sa vie ici bas. L’éducation autrefois assurée par l’Église passe aux mains de l’État avec l’école obligatoire. C’est l’État qui doit apporter le bonheur autrefois garanti par l’Église. « La France est un pays laïque de culture chrétienne »[1]

Les églises se vident. La transmission des croyances s’effrite. Seul un pour cent des croyants sont capables de réciter le credo sans trébucher. On ne croit plus en un Dieu tout puissant. Et même au Canada, pays catholique s’il en est, un évêque, soucieux de catéchiser les foules, fait disposer de grands panneaux pour expliquer les sources religieuses des jurons comme « tabernacle ». La jeunesse pratique de moins en moins.

La modernité a donc apporté la sécularisation avec la laïcité et l’autonomie de l’individu. Mais le rêve un instant caressé d’accéder au bonheur grâce à la raison est déçu. La colonisation, deux guerres effroyables avec des millions de morts, la Shoah, la bombe d’Hiroshima, les crises financières démontrent les limites de la modernité. À partir des années 60, les philosophes de la postmodernité passent à la critique. L’on entre alors dans l’ère de l’ultramodernité. On ne nie pas les principes de la modernité. On les exacerbe. Tout est objet de critique, que ce soit la  religion, l’État, la politique, la famille, l’école. Les valeurs laïcisées, héritées du judéo-christianisme, et sur lesquelles fonctionnait encore la famille, la société, sont mises à mal, « hypersécularisées ».

Avec l’idéologie de la modernité partagée entre un déisme moral anticlérical et un athéisme militant, toute trace de religion aurait dû disparaître. Il n’en est rien ! Bien au contraire. Si, la religion ne structure plus l’espace public, si l’organisation sociale ne se réfère plus à la religion, il y a toujours des croyants. Mais à titre privé, sans grande dépendance des institutions ecclésiastiques. On fait du religieux autrement. Le religieux reprend une place importante hors des Églises. Chacun se fait sa religion à la carte, en cherchant au besoin sur internet des croyances en kit, souvent d’inspiration orientale.

Il y a actuellement un reflux religieux dans le monde occidental. Ce reflux se traduit par deux tendances opposées : l’intégrisme, refus de la modernité, et le choix de la religion à la carte, bricolée, syncrétiste, tolérante à l’égard de la pluralité, refusant l’idéologie totalisante qui serait imposée par une Église. Cette deuxième tendance est relativiste, individualiste, inscrite dans la modernité. Le but est de réaliser en soi la conscience universelle.

Les orientations du New Âge né en 60 aux États-Unis sont révélatrices des attitudes religieuses contemporaines : insistance sur le développement personnel, caractère global de la conception du monde diluant le social avec le religieux, avec l’écologique, le psychologique, et la mise sur le même plan de l’humain, de l’animal, de la plante ou du minéral.
Le christianisme qui a enfanté le modernisme ne mourra pas à moins qu’il ne sache prendre acte du pluralisme religieux, garder sa mémoire religieuse tout en se détachant de son attitude arrogante excluant les autres religions.

Du côté protestant trois attitudes se manifestent :
-Devant l’insécurité provoquée par l’ultamodernité et la mondialisation, le pentecôtisme et les églises évangéliques réactionnaires et souvent intégristes se développent de façon exponentielle. Tournées vers le passé, elles sécurisent.
- Une deuxième tendance joue le maintien de l’institution avec le souci de ne pas inquiéter et de ne pas déstabiliser les fidèles. Le renouvellement des pasteurs comme celui des croyants vieillissant est faible. Le danger serait de contrer la fragilité de l’institution par  le renforcement de l’autoritarisme[2]et du dogmatisme pourtant dépassé.
-Une troisième mouvance, encore minoritaire,  est celle du protestantisme libéral. Sans rejeter les acquis du passé en les replaçant dans le contexte de leur formulation, le but poursuivi  est de trouver les formulations du croire ensemble en phase avec la modernité contemporaine.

H.L.

 

 



[1] Voir J-P Willaime. « Le retour du religieux dans la sphère publique ». Ed Olivétan.

[2] Mottu, théologien suisse, suggère de remplacer le système presbytérien synodal actuel, fondé sur le sacerdoce universel égalitaire,  qu’il juge dépassé, par un épiscopat synodal ou présidentiel habilité à prendre  des décisions en instaurant « une autorité au dessus des partis »in « Recommencer l’Église ».

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